Esat : changement à tous les étages !
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En Bourgogne, le Creai a lancé une enquête auprès des Etablissements et services d’aide par le travail (Esat) sur l’origine et le devenir de ce public accueilli. Où il apparait que celui-ci se diversifie en direction du handicap psychique ainsi que les motifs de sortie. Chiffre inquiétant : l’insertion dans les entreprises a tendance à se tasser sérieusement…
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Création nette de places
Une vingtaine d’établissements sur les 43 recensés dans cette région ont répondu à l’enquête Creai. Sur la période 2007-2011, on constate que le nombre d’entrées est supérieur à celui des sorties, ce qui s’explique en partie par une création nette de places (180 pour les quatre départements bourgignons).
A quel âge entre-t-on en Esat ? Sans surprise, la tranche 19-22 ans est surreprésentée, mais reste minoritaire. En fait, on intègre un Esat à tout âge, notamment au cours de la trentaine. Quant aux sorties, elles ne sont guère plus nombreuses sur la tranche d’âge 55-60 ans (pour la retraite). En fait, on quitte à tout âge. Il y a ainsi autant de personnes à le faire à 35 ans qu’à 55 ans !
La montée du handicap psychique confirmée
Quels sont les profils accueillis? Si on compare les résultats de cette enquête avec celle (nationale) réalisée par la Drees en 2001, on constate qu’en dix ans, les déficiences intellectuelles (en tant que déficience principale) sont passées de 78 % à 59 % des effectifs, alors que le psychique a quasiment doublé (de 14 à 25 %). A noter qu’une personne sur deux entre en Esat sans mesure de protection juridique.
Mais avant d’atterir en Esat, où étaient les personnes? La proportion (environ un tiers) est sensiblement la même à être issues d’une institution (IME/Sessad) que du domicile. Plus rarement, elles viennent d’un autre Esat voire d’une entreprise adaptée.
Le logement aussi a légèrement évolué, avec un recul du foyer au bénéfice du domicile.
Moins de sorties vers l’emploi ordinaire
Pour ce qui est des sorties d’Esat, les causes en sont multiples. Une fois sur trois, elle est consécutive à une démission et une sur cinq à une réorientation de la MDPH. Le débouché vers un emploi (qu’il soit adapté ou ordinaire) reste extrêmement limité (moins de 8% des situations). L’enquête nationale de 2001 parlait, elle, d’une insertion professionnelle pour 13% des sorties d’Esat. “Il semble donc que le taux d’emploi en milieu ordinaire ait diminué de manière notable en dix ans”, note, prudent, le Creai. A noter le fort taux de départ lié à une période d’essai non validé (9%). La sortie d’Esat débouche souvent sur une situation potentiellement problématique : une personne sur cinq retourne à une vie au domicile sans accompagnement.
En fait, à tous les étages (parcours personnel, âge d’arrivée, motifs de sortie, type d’hébergement, etc.), l’outil Esat doit d’adapter à une diversification des réalités. Ce qui ouvre un champ très large de réflexions, par-delà les questions emblématiques du financement.